Cette Journée mondiale de l’eau a lieu alors que nous célébrons en 2013 l’Année internationale de la coopération dans le domaine de l’eau. À travers ces deux événements, les États membres s’accordent à reconnaître l’importance de la coopération dans le domaine de l’eau pour la santé et le bien-être humains, pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement et pour une paix pérenne et un développement durable. L’Année internationale de la coopération dans le domaine de l’eau a pour devise « De l’eau, de l’eau partout, à condition de la partager ». Cela suppose une gestion commune des eaux transfrontalières mais aussi un partage de l’eau entre différents usages et des utilisateurs variés à l’intérieur d’un même pays. Nous avons besoin d’une gouvernance plus vigoureuse dans ce domaine, entre les États et au sein de chacun d’eux. Coopérer doit être notre mot d’ordre. Cela est essentiel pour préserver nos écosystèmes, éradiquer la pauvreté et avancer sur la voie de l’équité sociale y compris l’égalité entre les sexes. Les femmes sont des acteurs majeurs, et nous devons leur reconnaître tous les droits qui leur sont nécessaires pour assumer leurs responsabilités. Il est important pour le bien-être des générations présentes et futures d’assurer l’égalité en matière d’accès et de contrôle des ressources en eau. Les défis liés à l’eau sont complexes, et les solutions doivent être elles aussi multidimensionnelles. Cela suppose une réflexion novatrice et une coopération à tous les niveaux. À cet effet, l’UNESCO adopte une approche tous azimuts en s’appuyant sur son Programme hydrologique international ainsi que sur ses 29 chaires et 18 centres dont les activités se rapportent à l’eau. L’un d’eux, l’Institut UNESCO-IHE pour l’éducation relative à l’eau, situé aux Pays-Bas, a formé depuis 1957 15 000 spécialistes issus de 160 pays. La coopération dans le domaine de l’eau n’est pas un simple enjeu technique ou scientifique. Il s’agit de lutter contre la pauvreté et de protéger l’environnement. Il s’agit de jeter les fondations d’un développement durable et d’une paix pérenne. Les gouvernements doivent s’engager à trouver des solutions inclusives et coopératives aux défis posés par l’eau. Pour cela, ils doivent prendre des décisions qui impliquent toutes les parties prenantes, depuis les investisseurs jusqu’aux usagers. Chacun de nous est concerné et nous sommes tous responsables. La coopération dans le domaine de l’eau n’est pas une option, c’est un impératif si nous voulons offrir à tous un avenir meilleur. > Béatrice Dupoux, vous êtes la coordonnatrice nationale du réseau des écoles associées à l'UNESCO. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce réseau, sa vocation, son fonctionnement ? C'est un programme que l'UNESCO a conçu en 1953, quelques années après sa création. L'Organisation a invité chaque Etat-membre à développer sur son territoire un réseau d'établissements scolaires (de la maternelle à la fin du secondaire) qui s'engagent à mettre en place des projets pédagogiques sur les thématiques suivantes : éducation au patrimoine, au développement durable, au dialogue interculturel, à la solidarité internationale, aux grands problèmes mondiaux. Chaque pays anime son réseau national, et l'UNESCO assure une coordination internationale en proposant par exemple des projets à caractère international (TST, Transatlantic Slave Trade). Certains établissements développent des actions tout à fait innovantes, et tissent de riches partenariats. Je citerais par exemple la contribution d'une classe de 4e à la réalisation des outils de communication (film, kakémonos) pour une campagne de levée de fonds destinée à protéger les gibbons dans une réserve de biosphère indienne. Un projet UNESCO, c'est donc un projet où les élèves apprennent ce qu'ils ont à apprendre, tout en s'engageant de façon citoyenne et souvent très professionnelle. > Le Réseau des écoles associées à l'UNESCO est le moteur de l'appel à projet dont ces journées vont être l'aboutissement. Dans quel contexte cette volonté est-elle née ? Pour la 3e année consécutive, le réSEAU des Ecoles associées de l'UNESCO et celui des Réserves de biosphère proposent à leurs établissements de travailler ensemble, et de contribuer à leur mesure aux objectifs des Années internationales (de la forêt en 2011, des énergies durables pour tous en 2012, de la coopération dans le domaine de l'eau en 2013). A ceci trois bonnes raisons nous semble-t-il : - rendre plus lisibles et visibles nos deux programmes placés sous l'égide de la Commission française pour l'UNESCO, puisqu'ils partagent valeurs et objectifs, - renforcer le sentiment d'appartenance à un réseau et sentir notamment la force du collectif qui permet d'aller plus loin, - contribuer, modestement mais avec un grand sérieux, aux objectifs de ces années internationales en sensibilisant les jeunes et en leur confiant le soin de sensibiliser leur entourage. > Du 4 au 6 juin se dérouleront donc ces Journées "Eau pour Tous, eau en partage" dans le Var, au Domaine du Rayol. Parlez-nous de l’origine de ce projet… A la base une rencontre très chaleureuse avec René Jam et Francis Jose Maria à la Commission française pour l'UNESCO, lorsqu'ils ont demandé et obtenu le patronage de la Commission pour le remarquable coffret pédagogique "L'eau partagée". Les hasards heureux du calendrier ont fait la suite : l'Année internationale de la coopération dans le domaine de l'eau offrait une belle opportunité de construire ces rencontres ensemble. > Donc une véritable rencontre entre des partenaires de longue date et des écoles de tous horizons… Je sais que les écoles qui se sont engagées sont heureuses de venir partager le fruit de leurs travaux. C'est une façon pour nous de reconnaître le sérieux de leur engagement, de les encourager à poursuivre sur cette voie. C'est aussi un temps de rencontre "incarné", après des mois de communication à distance. Nous souhaitons enfin valoriser et diffuser les démarches pédagogiques mises en œuvre, et autant que faire se peut mettre en évidence le chemin d'apprentissage de la complexité que chaque jeune (et adulte) emprunte, avant, pendant et après les rencontres.> Un mot à dire à tous les élèves et enseignants qui se sont investis dans ce grand projet ? Un mot en cinq grandes lettres que je leur laisse le soin de deviner et que je voudrais aussi adresser à Francis (José Maria) et René (Jam) pour leur large contribution. > Le comité MAB France, l’Homme et la Biosphère, est partie prenante des journées « Eau pour tous, Eau en partage », pouvez-vous nous en dire plus sur les activités de votre structure, son origine et son fonctionnement ? Le programme « l'Homme et la biosphère » (Man and Biosphere, dont le sigle anglais est MAB) lancé par l'UNESCO en 1971, est un programme scientifique visant à réduire la perte de biodiversité par des approches écologiques, sociales et économiques. Il vise à améliorer les relations entre les hommes et les femmes qui peuplent la terre et leur environnement, au niveau mondial. Pour mettre en application ses différents travaux interdisciplinaires sur le terrain, le MAB s’appuie sur un réseau mondial de Réserves de biosphère, ses réseaux et partenaires régionaux, pour l’échange des connaissances, la recherche et la surveillance, l'éducation et la formation, ainsi que la prise de décision participative. En 2012, 610 réserves de biosphères ont été désignées dans 117 pays, dont 12 sites transfrontaliers. La France compte depuis 2012, 11 Réserves de biosphère, et deux autres territoires devraient être désignés cette année par le Conseil international. > Quelle est la place de ces rencontres « Eau pour tous eau en partage » dans la dynamique soutenue par L’Homme et la Biosphère ? L’éducation au développement durable, les relations homme- nature, la gestion des ressources naturelles pour le bien-être de tous sont au cœur des pratiques testées et développées dans les sites d’excellence que sont les Réserves de biosphère. L’eau pour tous, l’eau en partage s’inscrit parfaitement dans les thématiques soutenues par le programme MAB. > Cet événement s’inscrit dans une collaboration plus large entre MAB France que vous représentez et d’autres partenaires ; quelle sont les points de convergences entre vos structures ? Le Réseau des écoles associées est notre partenaire naturel, sous l’égide de la Commission française de l’UNESCO qui réunit les deux structures. Le partenariat avec l’association l’Eau partagée est pour nous une expérience enrichissante, qui s’inscrit parfaitement dans les enjeux et valeurs des Réserves de biosphères, pour une éducation au développement durable et la préservation des ressources naturelles. > C'est une manifestation significative, qui associe de nombreuses volontés et efforts ; quels en sont les résultats attendus pour vous ? La participation des établissements scolaires, la richesse et la diversité de leur implication sur la thématique de l’eau partagée est déjà un résultat en soi, car ce sont tous ces élèves, de la maternelle au secondaire, qui, avec leurs enseignants, auront travaillé et enrichi leurs réflexion et leurs connaissances sur ces questions de coopération indissociable de l’humanité. > Lors de ces journées d’échanges sur la coopération dans le domaine de l’eau, quel est le message que vous souhaitez faire passer aux participants et notamment aux enseignants ? Les questions sur le développement durable ont un intérêt certain d’un point de vue pédagogique, car elles s’appuient sur des cas concrets, et offrent des opportunités d’apprentissage multiples. En lien avec l’actualité, à l’interface entre l’école et la société, elles permettent de mobiliser les enseignants de différentes disciplines autour d’un projet commun. Une piste supplémentaire pour la formation des générations futures ? > Monsieur José-Maria, vous jouez un rôle important de coordination pour ces Journées "Eau pour tous, eau en partage", pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ces rencontres ? Ces journées vont réunir des écoles, collèges et lycées venus de toute la France pour présenter les travaux qu'ils ont réalises sur le thème de la coopération dans le domaine de l'eau dans le cadre d'un appel à projets que nous avons lancé aux cotes de la Commission Française de l'UNESCO et des Réserves de la Biosphère. > Education, coopération et solidarité sont pour vous des notions étroitement liées ? Particulièrement lorsque l'on demande aux jeunes générations de s'exprimer ? Nous savons aujourd'hui que la gestion durable de l'eau et plus largement de nos ressources naturelles va nécessiter plus de solidarité, de coopération et de changements de comportements… que seule l'éducation sera en mesure de susciter. > Cette manifestation s'inscrit dans la lignée directe des actions de "l'eau partagée", dont vous êtes l'un des principaux initiateurs dans ce pays des Maures. Il y a une logique dans tout ça ? L'eau partagée est une expérience d'éducation et de coopération menée depuis vingt ans avec bonheur sur le territoire de Maures et c'est tout naturellement que nous avons accepté d'organiser ces rencontres. Malheuresement aucune école de notre circonscription n'aura eu la possibilité d'y participer en raison de l'interdiction incompréhensible faite par l'inspecteur local de l'éducation nationale. > C'est un événement important, qui fédère beaucoup d'énergies, de réflexion, d'idées, vous en attendez quel type de retombées ? Au travers des travaux présentés et l'analyse qui en sera faite par des experts de l'éducation, de la coopération et de la gestion de l'eau, j'espère que la démonstration pourra être faite de leur intérêt pédagogique pour les élèves et les enseignants. J'espère aussi que chacun pourra mesurer le rôle important que l'éducation peut jouer pour une gestion respectueuse et durable des ressources en eau, aussi bien à l'échelle locale que planétaire. > Le Jardin des Méditerranées, qui accueillera du 4 au 6 juin les différentes délégations, est en soit un lieu assez exceptionnel. Tous les ingrédients vous semblent réunis pour faire de ces journées un grand rendez-vous ? Je remercie Olivier Arnaud, directeur du Domaine du Rayol, d'avoir accepté d'accueillir ces journées dans le cadre paradisiaque des jardins des Méditerranées qui réunissent tous les ingrédients de l'idée d'un développement durable : beauté, sensibilité, biodiversité, culture... > René Jam, vous êtes inspecteur d'académie-inspecteur pédagogique régional honoraire et co-organisateur des rencontres « Eau pour tous eau en partage », en quoi cet événement éducatif est-il précieux pour des scolaires aujourd'hui? Faire l'expérience, sur une année d'un projet coopératif qui révèle que l'on réussit mieux à plusieurs que seul contre tous est une antidote précieuse et essentielle au monde compétitif qui est le nôtre aujourd'hui et où l'autre est perçu comme un rival, voire un adversaire potentiel, plutôt que comme un partenaire. C'est travailler à l'émergence d'une "nouvelle conscience pour un temps en crise, vers une civilisation de l'empathie". > Dans le cadre de l’Année 2013 proclamée par l'UNESCO, Année Internationale de la coopération dans le domaine de l’eau, la manifestation « Eau pour tous eau en partage » relie éducation et coopération : cette initiative est-elle porteuse d’un avenir nouveau dans le champs du développement solidaire ? Respect de la vie, solidarité, responsabilité sont les valeurs fondatrices de la coopération. Nous sommes tous embarqués sur le même "vaisseau-terre" et c'est collectivement, respectueux des différences, que nous construirons ce mieux-vivre ensemble si impérieusement nécessaire aujourd'hui. > Vous avez co-fondé le mouvement « Eau Partagée » ancré dans le territoire des Maures et qui co-organisé cet événement : pouvez vous nous présenter les spécificités de cette démarche ? Il faut entendre par mouvement Eau partagée une dynamique conviviale qui oriente l'engagement et l'action de personnes réunies autour de cette conviction qu'une société meilleure est possible si nous sommes portés par une éthique du respect de la vie, des êtres - végétaux, animaux, hommes - et des choses. Le partage est le signe de cet engagement inter subjectif. > Vous avez énormément travaillé avec les écoles du territoire de la Corniche des Maures sur la sensibilisation à l’eau, en quoi cet élément est-il un support propice du point de vue pédagogique ? La symbolique de l'eau pour chacun d'entre nous est très forte et évoque tout naturellement la Vie. Faire l'expérience concrète avec les enfants des solidarités à l'échelle d'un bassin versant c'est découvrir qu'une causalité circulaire relie tous les éléments de notre environnement dans une interdépendance et dans une interaction étroites. C'est participer à la construction d'un nouvel outil de pensée, la pensée systémique ou complexe, qui pour Edgar Morin fonde la tâche essentielle de l'école si nous voulons répondre au défi de notre temps. Il est essentiel de préserver cette ressource éducative pour les enfants de notre territoire. > Beaucoup de chemin a été parcouru par l’initiative Eau Partagée, quels sont aujourd’hui vos objectifs et avec quels moyens travaillez-vous ? Le SIDECM a été le creuset de ce projet et de cette dynamique. Depuis quelques années l'association de l'eau partagée, prolonge et enrichi cette dynamique plus particulièrement dans le champs de l'éducation et de la santé. Aujourd'hui nous souhaitons persévérer dans le projet d'éducation pour la santé solidement ancré au Burkina Faso et partager notre expérience pédagogique de la "démarche-chemin" avec les parcs régionaux, le Domaine du Rayol, et toutes les initiatives qui concourent à structurer, sur notre territoire et au-delà, des ressources d'éducation et de formation en EEDD. Cette Journée mondiale de l’eau a lieu alors que nous célébrons en 2013 l’Année internationale de la coopération dans le domaine de l’eau. À travers ces deux événements, les États membres s’accordent à reconnaître l’importance de la coopération dans le domaine de l’eau pour la santé et le bien-être humains, pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement et pour une paix pérenne et un développement durable. L’Année internationale de la coopération dans le domaine de l’eau a pour devise « De l’eau, de l’eau partout, à condition de la partager ». Cela suppose une gestion commune des eaux transfrontalières – mais aussi un partage de l’eau entre différents usages et des utilisateurs variés à l’intérieur d’un même pays. Nous avons besoin d’une gouvernance plus vigoureuse dans ce domaine, entre les États et au sein de chacun d’eux. Coopérer doit être notre mot d’ordre. Cela est essentiel pour préserver nos écosystèmes, éradiquer la pauvreté et avancer sur la voie de l’équité sociale – y compris l’égalité entre les sexes. Les femmes sont des acteurs majeurs, et nous devons leur reconnaître tous les droits qui leur sont nécessaires pour assumer leurs responsabilités. Il est important pour le bien-être des générations présentes et futures d’assurer l’égalité en matière d’accès et de contrôle des ressources en eau. Les défis liés à l’eau sont complexes, et les solutions doivent être elles aussi multidimensionnelles. Cela suppose une réflexion novatrice et une coopération à tous les niveaux. À cet effet, l’UNESCO adopte une approche tous azimuts en s’appuyant sur son Programme hydrologique international ainsi que sur ses 29 chaires et 18 centres dont les activités se rapportent à l’eau. L’un d’eux, l’Institut UNESCO-IHE pour l’éducation relative à l’eau, situé aux Pays-Bas, a formé depuis 1957 15 000 spécialistes issus de 160 pays. La coopération dans le domaine de l’eau n’est pas un simple enjeu technique ou scientifique. Il s’agit de lutter contre la pauvreté et de protéger l’environnement. Il s’agit de jeter les fondations d’un développement durable et d’une paix pérenne. Les gouvernements doivent s’engager à trouver des solutions inclusives et coopératives aux défis posés par l’eau. Pour cela, ils doivent prendre des décisions qui impliquent toutes les parties prenantes, depuis les investisseurs jusqu’aux usagers. Chacun de nous est concerné et nous sommes tous responsables. La coopération dans le domaine de l’eau n’est pas une option, c’est un impératif si nous voulons offrir à tous un avenir meilleur.