L’eau, c’est LE PAYS que nous ne cessons de quitter et où nous ne cessons d’aborder… Chaque jour, notre premier geste matinal est tourné vers elle, s’incarne en elle. Pourtant, sa présence généreuse dans nos contrées riches nous fait oublier la place essentielle qu’elle tient dans nos vies, dans le flux de nos échanges individuels et collectifs. Multiples sont les raisons qui fondent l’attention et l’intérêt que nous portons à cet élément : complexe et fragile, il est la vie par excellence ; mais il peut nous exposer également à la désolation et à la mort. Les visages, les usages de l’eau sont multiples et nous avons cessé pour beaucoup de la compter comme « l’une des nôtres » tellement elle coule d’évidence dans nos contrées riches. Pourtant, la proportion d’habitants sur cette terre, privés d’un accès à une eau de qualité et d’équipements sanitaires, reste insoutenable ! Si on ne le mesure pas toujours, l’eau constitue un véritable enjeu dans les échanges mondialisés qui constituent notre quotidien. Et la marche du monde ! Dans son introduction à « l’Eau et les rêves »(2), Gaston Bachelard associait imagination et matière en nous invitant à « creuser le fond de l’être » et à regarder dans « l’eau, miroir » non pas notre propre image narcissique mais les infinies impressions, émotions, possibilités de représentation et de re-création qu’elle génère.