Mohamed Larbi Bouguerra ouvre une autre surface de réfléchissement dans son ouvrage « Les batailles de l’eau. Pour un bien commun de l’humanité » en évoquant la fonction réflexive de cet élément qui « reflète nos valeurs les plus profondes, car le cycle de l’eau nous lie tous au sein du village planétaire à l’ensemble de la biosphère et du vivant »(3). De tout temps, elle a ainsi été maîtresse et muse ! Et c’est parce que l’eau a ces propriétés physiques et symboliques, parce qu’elle est à l’origine de toute vie et source d’inspiration infinie, qu’elle peut également nous rendre capables d’agir sur la réalité. Toutefois, l’eau médiatrice, l’eau lieu-lien naturel entre les êtres, les cultures et les territoires, appelle aujourd’hui une médiation, que nous avons choisie créative tout en faisant écho à la phrase de René Schonnbrodt(4) “ On n’accède pas seul au monde ; on n’y va qu’ensemble, avec d’autres qui disent ce qu’ils voient et comment ils le voient. ” En rendant l’eau visible, audible, présente, vivante…, en suscitant l’imaginaire de l’eau, en faisant appel aux multiples champs disciplinaires concernés par elle, nous invitons chacun à installer un paysage, une géopoétique, une géopolitique de l’eau en soi. Pour arriver à prendre conscience et faire prendre conscience de la richesse et de la fragilité de cet élément, de cette matière qui arrive et repart sans crier gare, pour créer une relation personnelle et responsable avec elle. L’eau a vocation également à susciter la rencontre : fontaines, points d’eau, lavoirs, rivières, puits, fleuves, canaux... autant de lieux de rassemblement, de réservoirs de paroles, de points de ralliement où peut circuler une relation vivante et fluide entre les êtres, où l’Autre existe, où passe l’échange et parfois l’entraide. Il est nécessaire de se retremper dans l’histoire pour imaginer l’avenir… Du lieu au lien… ici et là-bas, l’eau est le pont vers une imagination créative et réactive, vers la construction de véritables échanges, partenariats et projets de coopération qui nous permettent d’appréhender l’existence à travers la connaissance et l’estime de soi, la considération de l’Autre, et la construction d’un monde plus équitable et vivant ! C’était tout l’intérêt de ces rencontres des écoles associées à l’UNESCO, organisées les 5 et 6 juin 2013 dans un partenariat avec l’association « L’eau partagée » et portées par le sublime écrin naturel du Domaine du Rayol (Var), de révéler le foisonnement et la richesse des projets menés par les élèves et leurs enseignants. Le temps de ces journées, l’eau fut alors NOTRE PAYS, avec des frontières sans cesse à redessiner et à repousser pour mériter une « TERRE-PATRIE »(5) , à la manière de la troupe SAABA du Burkina Faso dont les musiciens et les danseurs ont offert leurs rythmes et leurs représentations au public présent en front de mer. Multiplions les occasions de partager cette ambassade pour une eau de qualité pour tous, une eau partagée irrigant les terres et les cœurs, une eau rendue à sa nature. Et à notre humanité.