Le projet de l’eau partagée a fêté en juin 2011 ses vingt ans et sa pleine maturité. Né du projet de réalisation du barrage de La Verne dans la corniche des Maures, création justifiée par des ressources en eau insuffisantes face à des besoins en forte augmentation, ce projet d’éducation à l’eau partagée pour un développement durable s’est affirmé dés l’origine par son éthique solidaire, responsable et respectueuse de la Vie. Depuis 1991 le barrage de La Verne a vu passer près de 30.000 élèves des écoles et collèges de la région qui ont sillonné la forêt de son bassin versant à la cohérence de son éco système particulièrement riche pédagogiquement, cassé les roches de ses montagnes, pêché toutes sortes d’animaux petits au plus gros, dans son lac et sa rivière, appris à nettoyer son eau dans une usine, se sont laissés porter par les cours d’eau jusqu’à la mer et par les nuages de l’imaginaire jusqu’au village de MARKOYE au Burkina Faso. L’ouvrage « l’eau partagée », témoigne de bientôt vingt ans de pratiques et recherches pédagogiques autour de l’eau et de l’environnement. Conçu sous forme de mallette, il constitue un outil de formation qui donne des clés organisationnelles et méthodologiques aux acteurs intéressés pour leur permettre de développer des activités d’éducation adaptées aux contraintes et ressources de leurs territoires spécifiques. Dans le cadre du large partenariat nécessaire à la réussite de toute entreprise d’éducation à l’environnement pour un développement durable, ces acteurs peuvent être des élus, des techniciens, des animateurs, des enseignants, des responsables associatifs... La démarche originale mise en œuvre, inspirée de la « démarche-chemin » définie par Edgar Morin, comme une méthode qui mobilise la « pensée complexe », ne propose pas dans son dialogue un programme, mais un chemin au cours duquel on pourra mettre à l’épreuve certaines stratégies qui se révéleront fructueuses ou non pendant le cheminement dialogique... la méthode comporte deux niveaux qui s’articulent et se rétro-alimentent : d’une part, elle favorise le développement de stratégies pour l’action, d’autre part, elle favorise le développement de stratégies pour la connaissance . Elle pourra venir appuyer de nouveaux projets d’éducation et de coopération désireux de mobiliser la participation active des populations concernées. Pour permettre au lecteur de bien appréhender la cohérence et l’originalité pédagogique du projet, il nous faut en décrire l’ancrage méthodologique. Ces activités s’inscrivent : 1) dans une dynamique vivante de confrontation au réel C’est là sans doute le point fort du projet : offrir aux élèves des situations de vie dans lesquelles le contact avec le réel se fait prioritairement par leur sensibilité, leur affectivité, leurs émotions. Cette résonance affective creuse et entretient le désir de comprendre et l’approfondissement intellectuel qu’il nécessite. 2) dans une dynamique coopérative L’ensemble des acteurs se trouve mobilisé autour de l’expression des représentations mentales. La méthode originale utilisée, « la démarche chemin », permet une réelle prise en compte des différentes représentations mentales, seule capable de transformer les comportements dans une perspective éthique éco citoyenne : « l'élève apprend mieux avec les autres et pour les autres que seul contre les autres ». 3) dans une dynamique partenariale Fondée sur un référent commun : la charte de l'eau partagée, qui facilite la mise en synergie des compétences et des ressources des différents acteurs : éducation nationale, syndicat des eaux, office national des forêts, observatoire marin, syndicat de la GISCLE, association de l’eau partagée, ONG organisation oasis Sahel. 4) dans une dynamique d’éthique éco citoyenne de solidarité Nord-Sud En s’ouvrant à la découverte de la réalité d’un village du Sahel africain, elles permettent aux élèves de participer concrètement à des projets de coopération et de développement.