11 L’oral conserve dans nos civilisations occidentales, malgré l’impact de l’écrit, une importance considérable, différente certes de la place qui est la sienne dans les cultures de tradition orale (j’y reviendrai) mais qui ne doit pas être négligée si l’on veut, par exemple, démocratiser l’accès aux fonctions électives. Quelques exemples : - malgré la télévision, la radio continue à nous informer, et mieux sans doute, tout au long de la journée ; - dans les procès, ce qui prévaut c’est l’oralité des débats, ce qui compte c’est ce qui est dit par le uns et par les autres ; - dans les négociations entre belligérants les résultats dépendent bien souvent de la façon dont les échanges oraux se sont déroulés (Il existe de bons et de mauvais négociateurs) ; - dans le milieu familial comme dans la vie professionnelle ou scolaire, les échanges oraux sont si importants qu’ils font l’objet de nombreuses qualifications, la parole peut y être perçue, par exemple, comme chaleureuse ou glaciale, respectueuse ou humiliante… - dans la vie associative, les citoyens militants doivent souvent prendre la parole pour interpeller des responsables administratifs, des élus, des experts. Si nous voulons que ce droit à la parole et les compétences nécessaires pour l’exercer ne soient pas le privilège de quelques uns, c’est bien dès l’école qu’il faut lui permettre de s’exercer avec toutes les conséquences pédagogiques que cela implique. Pour que le élèves puissent se construire de véritables compétences dans le domaine de la communication orale et se construire en tant que personne car les deux sont liés, il faut donc d’abord instaurer dans la classe un climat fait d’écoute et de respect favorisant des échanges fructueux, valorisants, stimulants gratifiants entre le maître et les élèves et entre les élèves eux-mêmes. L’observation de la façon dont circule la parole, dont on se la partage, car il s’agit bien d’un partage, en dit long sur les conceptions philosophiques, éthiques et pédagogiques de l’enseignant. Il faut ensuite concevoir et réaliser des projets d’oraux comme on peut le faire pour l’écrit, les sciences ou les arts…Quelques exemples : - conférences (ou exposés) sur des sujets choisis librement par les élèves (individuellement ou en petit groupe) ou à partir d’une liste établie collectivement ; - plaidoiries en faveur d’une grande cause ou contre une injustice à partir d’une liste de thèmes élaborée en commun ; - réalisation d’interviews enregistrées au magnétophone auprès de gens de la ville ou du village dans le cadre d’un projet plus vaste ou pour la constitution d’archives orales comme il existe des archives écrites. Avant de poursuivre, je voudrais souligner l’importance de la constitution d’archives orales, y compris dans les petites écoles car c’est aussi le moyen d’établir un lien avec les cultures de tradition orale.