45 Elle se rendit chez ses voisins pour demander un peu d’eau mais tous lui refusèrent la moindre gorgée. Comme c’était un complot du village, chacun donnait prétexte à son refus qu’il n’avait pas pour lui-même de quoi boire. Toute triste elle alla frapper de porte en porte, mais c’était toujours la même réponse : - Nous n’avons rien pour toi. Elle revint chez elle, prit son canari et alla au puits où elle trouva une longue queue de personnes qui attendaient. Elle demanda aux femmes - Je viens de la brousse, je suis vieille, épuisée et j’ai très soif. Pouvez-vous me donner un peu d’eau ? Toutes les femmes, à l’unisson lui répondirent : - Non ! Tu es arrivée la dernière et tu attendras ton tour. La vieille femme comprit alors que c’était un complot et que tout le village s’était ligué contre elle. Elle revint à sa case et commença à pleurer longuement, tristement, toutes les larmes de son corps. Elle pleurait comme une enfant qu’elle était redevenue. Les ancètres, voyant cela, eurent pitié d’elle et aussitôt la pluie tomba sur les bons comme sur les méchants. La rivière se remit à couler, la mare se remplit d’eau et la saison, cette année là, fut particulièrement bonne et prospère. L’esprit des ancètres avait donné la plus belle réponse qui soit à la méchanceté des hommes. * Une histoire réelle racontée par monsieur Maïga Aliou Yamba de TOKABANGOU