“Il était une fois une petite fille qui avait soif“... en écho, l’histoire vécue de la “noyade de Moussa“. Ces deux récits d’un jeune collègien de Markoye, au nord du Burkina Faso, nous invitent à une rêverie entre mythe et réalité. Ce que révèle ainsi, ce texte de fiction, dont on voit bien que ses ressorts imaginaires, irriguent aussi la narration vécue, c’est que son auteur, sans aucun doute à son insu, sait que le discours des “persécuteurs”, qui architecture tous les mythes, est innefficace : la dynamique sacrificielle qui est sensée résoudre la crise violente que génère l’emballement mimétique est dénoncée par le recours à un dieu plein de rigueur mais aussi de compassion, qui n’a que faire des sacrifices et des victimes émissaires. La mort du sorcier sanguinaire, ouvre un nouvel espace de parole dans lequel la voix des victimes, ici le peuple déshérité du Sahel, peut enfin être entendue. Les victimes peuvent s’affranchir des persécuteurs, quels qu’ils soient, en offrant leur souffrance à la “VIE“, à Dieu. Ainsi en déjouant les pièges de la rivalité mimétique et de la dynamique victimaire, qu’institue toujours le mythe pour René Girard, ils font l’expérience d’une souffrance partagée et d’un sentiment communautaire, suffisamment ouvert pour accueillir les autres, qui ne sont plus alors des “étrangers” mais des frères d’infortune avec qui ils pourront concevoir, élaborer et mettre en oeuvre des projets communs. C’est à l’émergence de cette conscience et de ces vertus que ce modeste travail souhaite participer par un travail de mémoire, la préservation et l’animation de la tradition orale de cette province de l’Oudalan. S’il est vrai que “dans la partie il y a le tout“ alors ce recueil de récits du Pays des hommmes intègres, vous guidera sûrement et tout naturellement vers la source qui lui a donné vie : le projet de “l’eau partagée“, initié et animé depuis une quinzaine d’années, en partenariat avec l’éducation nationale, par le S.I.D.E.C.M, dans le Var et son traité d’éducation à l’écocitoyenneté