Traité d'éducation - Livre 3 Récit du pays des hommes intègres

Entre mythe et réalité

Page 12 : Récit du pays des hommes intègres

12 Dans tous les villages de France ou d’Afrique, il existe des personnes qui ont exercé des métiers aujourd’hui disparus, qui ont vécu des moments importants, heureux (anciens sportifs, artistes …) ou tragiques (guerre, déportation…), qui connaissent des traditions, des contes, des histoires, des chansons, qui risquent de disparaître avec eux. Comme le disait Amadou Hampâté Bâ : « En Afrique, un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle. » Mais c’est souvent vrai aussi en France où l’on aurait pu, par exemple, dans chaque école recueillir les souvenirs des anciens combattants de la guerre de 1914-1918. Que de riches projets, on peut concevoir et réaliser ainsi presque partout ! Poursuivons avec d’autres exemples de projets d’oraux : - débats sur des questions d’actualité, sur des thèmes plus “philosophiques” proposés par les élèves et par le maître ou à partir de proverbes illustrant la richesse métaphorique de la tradition orale ; - mise en place de conseils d’élèves ou de conseils de coopérative qui peuvent débattre de toutes les questions relatives à la vie de la classe et de l’école et faire des propositions ; - organisation de moments récits (contes, fables, histoires …) au cours desquels les élèves viendront dire, dans un espace aménagé facilitateur, devant leurs camarades, et parfois devant d’autres auditeurs, des récits qu’ils auront mémorisés (avec des interventions éventuelles exceptionnelles de conteurs professionnels) ; - organisation de séances d’improvisation, de jeux de rôles, de théâtre-forum…impliquant l’oralisation de textes écrits ou l’improvisation verbale et gestuelle à partir de canevas ou de situations-problèmes ; - réalisation d’émissions de radio spécifiques ou prenant appui sur les projets énumérés plus haut, émissions pouvant être diffusées par des radios locales, des radios créées dans certaines écoles ou sur des sites Internet, par exemple : http://www.coopradios.org (site crée par l’Office Catalan de la Coopération à l’Ecole) L’oral est souvent mal perçu par l’école (“c’est du bavardage”, “la parole s’envole mais les écrits restent”…) parce que l’on ne tient compte ni de son importance culturelle, ni de la nature même de l’oralité et de ses caractéristiques. Dans les cultures de tradition orale, les savoirs s’accumulent, se conservent, et se transmettent aussi, ils ne s’envolent pas. La mémoire y joue un rôle considérable mais ce sont les conditions dans lesquelles ces savoirs s’acquièrent qui les rendent plus pertinents, plus cohérents et plus disponibles. Une enquête effectuée auprès des jeunes Indiens du Wisconsin révèle que lorsqu’ils entrent à l’école, à six ans, ce sont eux qui obtiennent les meilleurs résultats, jusqu’à l’âge de neuf ans, aux évaluations