75 - C’est du joli ! s’écria-t-il enfin; Notre camarade ronfle comme un possédé. Aussitôt le chasseur saisit son fusil, visa et tira dans la direction du bout du monde, pour réveiller le paresseux. Une seconde plus tard, celui-ci réapparut, monta à bord du vaisseau et tendit le flacon d’eau magique à Simplet. Le roi était toujours à table quand on vint lui dire que ses ordres avaient été obéis à la lettre. Que faire à présent, le monarque décida de fixer à Simplet une tâche encore plus impossible. Il chargea donc un courtisan d’aller lui dire que ses camarades et lui devaient manger à l’instant douze boeufs et douze tonnes de pain. Cette fois encore, le compagnon à l’ouïe fine entendit ce que le roi disait au courtisan et le rapporta à Simplet. - Hélas ! hélas ! soupira le pauvre garçon. Comment obéir ? Il nous faudrait un an, sinon notre vie entière pour manger douze boeufs et douze tonnes de pain. - Ne craignez rien, dit glouton. Ce sera à peine suffisant pour moi, tant j’ai faim. Quand le courtisan arriva avec le message du roi, on lui dit de répondre à son maître que ses ordres seraient exécutés. Alors, des serviteurs apportèrent à bord du vaisseau douze boeufs rôtis et douze tonnes de pain, que le glouton dévora sans reprendre haleine. - Je n’ai pas l’estomac plein, dit-il ensuite. Je regrette bien qu’il n’y en ait pas eu davantage. Là-dessus, le roi fit savoir que Simplet et ses amis devraient boire sur l’heure quarante barils de vin contenant chacun quarante litres. Quand le camarade à l’ouïe fine répéta ces mots à Simplet, celui-ci fut désespéré. - Hélas ! hélas ! gémit-il. Que faire ? Il nous faudrait un an , sinon notre vie entière pour boire tout cela. - Ne craignez rien, dit l’assoiffé. Je vais vous avaler cela en une gorgée. Et, en effet, à peine arrivés au bord du vaisseau, les quarantes barils contenant chacun quarante litres de vin se vidèrent en un rien de temps dans sa gorge. En les renvoyant, il fit :