Traité d'éducation - Livre 3 Récit du pays des hommes intègres

Entre mythe et réalité

Page 124 : Récit du pays des hommes intègres

Aquarelle de Claire Crépin 124 En politique intérieure, Ali Ber se révéla un gouvernant excellent. Il donna une administration solide à l’empire, commença le creusement d’un canal qui devait amener les eaux du lac Faguibine jusqu’à Oualata et fit construire des barrages dans la boucle du Niger pour développer l’agriculture et assurer une bonne irrigation. L’occasion d’étendre ses territoires fut fournie à Sonni Ali par Omar, gouverneur de Tombouctou. Celui-ci l’avait appelé à l’aide contre les exactions des touaregs, mais à l’approche de l’armée songhaï, les habitants de la ville, ainsi que le gouverneur lui-même avaient été pris de panique et s’étaient enfuis vers Oualata (1468). Ainsi Sonni Ali pénétre dans Tombouctou, où il fit preuve d’une férocité que ses biographes lui reprochent unanimement, comme il lui font grief de l’attitude désinvolte qu’il eut toujours à l’égard de l’Islam et de ses préceptes. Aprés plusieurs années de tentatives infructueuses, Sonni Ali conquiert en 1473 la ville de Djenne, dont il épouse la reine mère. Il envahit ensuite le Maâna. Ces campagnes étaient menées avec la plus grande brutalité et certaines peuplades, comme les Sangari, furent pratiquement anéanties. Plus tard Sonni Ali essaya de neutraliser les touaregs en creusant un canal entre Ras-el-Ma et Oualata,pour rendre habitable la région et permettre le déplacement plus rapide de ses troupes. En 1477, la ville de Oualata fut attaquée et pillée par les Mossi de Naséré, mais Sonni Ali intercepta ceux-ci sur la voie du retour. Dans le Sud, Sonni Ali étendit ses conquêtes à Bandiagara, Bariba et Gourma; Quand il mourut en 1492, il laissait à son fils Boukari un empire aux frontières sûres et bien définies, au sud comme à l’ouest. Boukari eut le tort de s’éloigner de l’islam, ce qui provoqua l’indignation des ulémas et surtout de Mohamed Tarodo, gouverneur de Hombori. Ainsi, une année aprés son avénement, Bokari fut détrôné par celui-ci, qui prit le nom d’Askia et fonda une nouvelle dynastie. L’Askia n’avait pas le caractère belliqueux et intraitable du grand Sonni Ali. Il était profondément religieux, ce qui lui valut l’appui Markoye - décembre 2006 - L’Empire Songhaï - L’Empire