97 Maintenant c’était un merveilleux jardin qui s’étendait prés de la mare, à l’abri des inondations, et qui résonnait des chants et des rires des femmes et des jeunes filles heureuses de voire leurs efforts largement récompensés par la pousse de beaux légumes que l’on pouvait cultiver plus longtemps. De plus il y avait plusieurs séchoirs à légumes comme celui qu’avait réalisé les élèves du collège de Cogolin et qui permettait de lyophiliser les excédents de légumes , permettant ainsi de franchir dans de meilleures conditions le temps de la sécheresse. Durant tout le temps de l’expérimentation, madame Leilatou, mère de six enfants , avec une discrétion et une constance admirables était venue au collège accompagnée par monsieur Boukari, le président des parents d’élèves qui démontrait par sa présence l’importance que les villageois accordaient à ce projet. La vie concréte, la vie de tous les jours offrait, aux collégiens, guidés par leurs professeurs de belles occasions de construire de vraies connaissances qui les aideraient, plus tard, à trouver leur place dans la vie. - Le village devenait progressivement propre. On voyait de moins en moins de sacs en plastiques qui avaient tué tant d’animaux et asphyxié la vie de la mare.Les brigades de propreté se mobilisaient avec constance, car l’exemple venait des plus jeunes. Au collège, les médiateurs de propreté qui savaient qu’ils travaillaient aussi pour la santé de tous, avaient tellement bien convaincu leurs camarades, que chacun mettait un point d’honneur à respecter son environnement. Ils transmettaient à leurs parents et à toutes les grandes personnes qu’ils connaissaient le sens de leur engagement pour le bien de la communauté. Petit à petit cela faisait boule de neige et tout le village était soucieux de garder son environnement propre ! Les interviews des vieux du village, comme monsieur Koukounou, conduites et traduites par Ahmadou, un animateur infatigable et qui brûlait d’une vraie flamme militante et les ateliers d’écriture, initiés par René, qui sortaient du collège et de l’école primaire pour animer des rencontres de villageois passionnés par la découverte de leur patrimoine culturel, avait offert à Markoye de beaux recueils de textes qui avaiet été regroupés en un livre magnifique : Récits au pays des hommes intègres, entre mythe et réalité. Monsieur Cissé, le principal du collége, qui avait compris trés tôt et soutenu cet élan, s’était rapproché de son jeune collègue inspecteur primaire, car ils voulaient faire de l’école un lieu de vie qui rayonne sur tout la commune. Des ateliers de débats sur les relations humaines s’étaient créés dans le prolongement de cette effervescence expressive et créative. Le grand mouvement de décentralisation qui avait accompagné la communalisation et suscité tant d’espoirs était un vrai succès La commune de Markoye, sous la houlette de son maire, le géant débonnaire Karim, montrait , à ceux qui en doutaient, qu’une authentique démocratie participative pouvait vivre. Il fallait pour cela , comme cela avait été le cas pour Toukabangou, puis imité par Markoye et les villages environnants, qu’une “insurrection des consciences” devant les dangers que nous faisons courir à la planète, conduise tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté à se mobiliser pour construire un autre destin.