Aquarelle de Claire Crépin 123 Cet empire se constitua autour de Gao dans la seconde moitié du XIVème siècle, à la faveur du déclin de l’empire du Mali. Au début du XVème siècle, c’était le plus vaste parmi les états qui se sont succédés jusqu’à l’époque coloniale au sud du Sahara. Il s’étendait du Sénégal à l’Aïr et de Teghza au Nigéria : deux fois la France. Selon une vieille légende, peut-être pas tout à fait imaginaire, les fondateurs du premier royaume de Gao furent des pécheurs Sorko, montés du Bénin jusqu’au Mali entre le VIème et XIème siècle. Ils se seraient mélés avec des populations rurales gabili sur la rive gauche du Niger entre l’actuelle San et Agourou, d’où serait né le peuple des Songhaï. Le premier monarque songhaï qui fixa sa capitale Gao fut Kanda. Il ouvrit tout de suite l’accés de la ville aux caravanes transahariennes et aux berbéres qui voulaient s’y installer. Gao était à cette époque une ville trés prospère et sa richesse s’accentua au fil des siècles au point de provoquer la convoitise d’un lieutenant de kankan Moussa, qui s’en empara en 1325. Cependant, les princes légitimes réussirent à s’enfuir et l’un d’eux, Ali Galon, fonda la dynastie des Si ou Sonni. Au cours de la seconde moitié du XVème siècle, le dix-huitième roi Sonni, Souleyman Damane, fit la conquête de Mima et ouvrit la voie à son successeur, Ali Ber le Grand, qui régna de 1464 à 1492 et fut le véritable fondateur de l’empire Songhaï. Ali Ber attaqua les grands nomades peulhs et touaregs qu’il n’aimait guère, car cet homme aux moeurs sédentaires était dôté d’un esprit rationnel et cultivé. Libre penseur, il essaya de tempérer l’influence religieuse des marabouts de Tombouctou, qui exerçaient en fait le pouvoir politique et temporel sur toute la région.