148 - Parfois Kisawa s’abandonnait en méditation parmi un amas d’énormes roches noires. Il semblait s’adresser tour à tour à chacune, posant ses mains sur elle, la caressant, s’appropriant force et énergie. Parfois, dans la grande forêt, il embrassait de ses longs bras frèles les troncs des arbres, leur parlait et collait son oreille contre leur fut comme pour s’imprégner de leurs messages venus du fond des temps. Il recueillait alors avec précaution quelques écorces qu’il disposait dans sa besace. Sur le retour il s’arrêtait devant des plantes qu’il choisissait, les sentait, les cueillait et les ajoutait à son butin. L’esprit de Kisawa s’était maintenant emparé du conteur…Animé par une danse rituelle il montrait comment un jour il fabriqua un onguent d’écorces et de feuilles pilées pour soigner son chien mourant… Il chanta les louanges de tout le village quand le chien fut guéri, puis quand Kisawa sauva un enfant en proie à une fièvre dévorante . - Kisawa savait aussi soulager les coupures de machette… Il pouvait apaiser les morsures d’animaux… Kisawa, malgré son jeune âge encore, fut vite considéré par tous comme un grand et fier sorcier, aimé, respecté et envié par toutes les autres tribus. - KISAWA…KISAWA… reprit la foule suivant le rythme de Koumbakoumba. Bientôt le chant de tout le village, scandé par les tam-tam, monta , s’enfla , résonna et porté par le vent, parcourut la nuit africaine pour rappeler à tous la légende du grand sorcier sage et vénéré. * Conte écrit par Renée Moner, directrice d’école primaire à la retraite, dans le cadre d’un atelier d’écriture. Gassin - mai, juin 2007 - Histoire de Kisawa le sage