Traité d'éducation - Livre 3 Récit du pays des hommes intègres

Entre mythe et réalité

Page 13 : Récit du pays des hommes intègres

13 caractéristiques des connaissances scientifiques tout simplement parce qu’ils entrent à l’école avec une envie de connaître qui est ancrée dans leurs habitudes. Ils chassent les animaux, ils cueillent des baies, dans les bois, avec leurs grands-parents. Ils connaissent intimement leur environnement et ils ont une curiosité naturelle en ce qui concerne leur milieu, y compris la lune et les astres avec lequel ils ont un contact très physique et très sensuel. Mais très rapidement, l’école tue cette curiosité en exigeant des définitions, des connaissances discursives plutôt qu’une connaissance réelle des choses et à douze ans, c’est terminé, ils sont au niveau le plus bas. Quant à la mémoire proprement dite, je voudrais simplement citer Amadou Hampâté Bâ : « Plusieurs amis lecteurs se sont étonnés que la mémoire d’un homme de plus de quatre- vingts ans puisse restituer tant de choses, et surtout avec une telle minutie dans le détail. C’est que la mémoire des gens de ma génération, et plus généralement des peuples de tradition orale qui ne pouvaient s’appuyer sur l’écrit, est d’une fidélité et d’une précision presque prodigieuses. Dès l’enfance, nous étions entraînés à observer, à regarder, à écouter si bien que tout événement s’inscrivait dans notre mémoire comme dans une cire vierge. Tout y était : le décor, les personnages, les paroles, jusqu’à leurs costumes dans les moindres détails… On ne se lasse jamais d’entendre et de réentendre la même histoire ! La répétition pour nous n’est pas un défaut. » (Avant-propos de son livre Amkoullel l’enfant Peul, Actes Sud) Quand on parle de niveau de langue, on a tendance à considérer que la langue écrite se situe forcément à un niveau supérieur à la langue orale. Or il existe, pour l’une comme pour l’autre, trois niveaux principaux : - une langue soutenue (cours, conférences, discours, écrits littéraires, scientifiques ou à caractère officiel); - une langue courante (conversations et communications écrites ordinaires); - une langue familière (conversations et écrits moins surveillés, plus spontanés); Grâce à la réalisation de nombreux projet d’oraux, les élèves vont découvrir qu’on n’utilise pas la même langue dans la cour de récréation et pour faire une conférence ou un émission de radio et qu’il leur est même possible d’accéder à une certaine forme d’éloquence. Or maîtriser une langue c’est avant tout être capable de choisir le niveau de langue qui convient le mieux à la situation de communication vécue.