77 - Pas du tout ! répliqua l’homme qui portait le fagot sur son dos. M’avez-vous donc oublié ? A ce moment-là le courtisan, qui avait couru tout le long du chemin arriva, hors d’haleine, pour remettre à Simplet le message du roi. - Trés bien, dit Simplet. Je vais lever une armée pour votre maître. Et il se redressa de toute sa hauteur. Mais si, aprés cela, le roi me refuse encore la main de sa fille, je lui déclarerai la guerre et j’enlèverai la princesse de force. Pendant la nuit, Simplet et son camarade se rendirent ensemble dans une grande prairie, sans oublier d’apporter le fagot. Puis, ils éparpillèrent les morceaux de bois dans toutes les directions. Aussitôt, une puissante armée se dressa devant eux. Les clairons sonnaient, les tambours battaient la charge, les chevaux hennissaient, les cavaliers brandissaient leurs lances et les fantassins présentaient les armes. Le lendemain matin, le roi fut réveillé par un affreux vacarme : les clairons et les tambours, les sabots des chevaux et les cris des soldats. Il alla à la fenêtre et vit les lances et les armures étincelantes qui jetaient mille feux dans le soleil. Le fier monarque se dit en lui-même : Je ne peux rien contre cet homme. Alors il envoya à Simplet des vêtement royaux et des bijoux de prix et lui ordonna de venir au palais épouser la princesse. Ainsi vêtu et paré, le jeune homme était si majestueux et si beau que nul n’aurait pu reconnaître le pauvre Simplet, tant il était changé. La princesse l’aima dés qu’elle le vit. Jamais on n’avait vu des noces si grandioses, et il y eut tant à boire et à manger que même le glouton et l’assoiffé quittèrent la table rassasiés. Pearl BUCK Contes d’Orient Traduits par Elisabeth Gille. - Ed. STOCK