14 La langue écrite se déroule dans l’espace, chacun peut lire à son rythme et revenir en arrière. La langue orale se déroule dans le temps dans un flux continu que l’auditeur ne peut interrompre, sauf en situation de dialogue. L’émetteur d’une communication orale (récit, discours…) devra donc en tenir compte. Même s’il s’appuie sur un canevas, il devra dire et non lire, prévoir des répétitions, des reformulations, ne pas craindre d’être redondant, s’adresser à son auditoire. Quand il s’agit de récits, de contes en particulier, ils auront été au préalable mémorisés, mémorisés pour être dits mais aussi pour permettre à chacun de se constituer une véritable bibliothèque orale personnelle. Il ne faut donc pas hésiter à demander aux enfants de re-raconter le conte qu’ils viennent d’entendre, on sera surpris de leur capacité à le restituer intégralement. La langue orale est aussi très liée à l’affectivité alors que les mots écrits sont beaucoup plus neutres. C’est pour cette raison qu’il est important de voir celui qui parle, de prendre en compte son attitude globale, ses gestes, ses mimiques, la tonalité de sa voix. Dans l’expression orale, les émotions sont très difficiles à cacher et l’on peut très vite déceler l’absence de sincérité, la dissimulation, la langue de bois… Malgré l’importance de l’oral, nous ne vivons plus dans une culture de tradition orale, l’écrit sera donc utilisé comme outil dans la plupart des projets oraux et il est important de faire découvrir aux élèves cette fonction particulière (canevas, listes, tableaux, prises de notes…) Mais l’on doit pouvoir aussi transposer, traduire (c’est aussi cela le bilinguisme) de nombreux projets oraux en projets écrits. Quelques exemples : - publication dans le journal de la classe ou de l’école d’interviews, de conférences, de débats, de plaidoiries… après un travail de réécriture pour obtenir de vrais écrits, comme peuvent le faire des journalistes ; - publication d’un recueil de souvenirs, de contes… - organisation d’une exposition qui donnera sa place à l’écrit, à de l’oral réécrit et à des documents photographiques et sonores … Les projets spécifiques d’écrit s’inscriront tout naturellement dans cette conception globale de l’apprentissage de la langue que j’ai tenté d’esquisser. Je voudrais donc pour terminer en souligner simplement quelques aspects importants :