Traité d'éducation - Livre 2 L'eau partagée livre II

Essai de théorisation

Page 100 : L'eau partagée livre II

« Penser, se penser, penser le monde, penser l’autre ...», cet aphorisme qui est au cœur des ateliers de réflexion sur les relations humaines, traduit la dynamique éducative du projet de développement des compétences éthiques voulue par les enseignants(es), les élèves, les parents de l’école des Oliviers et deux associations de quartier. Il nous invite à préciser ce qui différencie une approche moralisatrice du règlement d’une approche éthique car cela ne manquera pas d’en affecter son efficacité. Pour Bruno GIULIANI : • « l’éthique est la recherche raisonnable du bonheur. Son but est de définir l’ensemble des principes dont l’application rend la vie heureuse. L’éthique est une recherche dynamique animée par l’amour philosophique de la vérité. Elle n’est rien d’autre que la philosophie pratique. Sa réflexion est totalement théorique mais elle s’applique directement aux problèmes concrets de l’existence : Les relations humaines, l’éducation, le travail, la mort, l’amour, la guerre, l’organisation sociale, l’action politique, la pratique religieuse...etc. • Le propre de la morale est d’obliger un individu à respecter des règles qui définissent un « devoir être » distinct du réel. « La morale est la codification de règles de conduites qui aboutit à l’opposer à une réalité considérée comme amorale, ou parfois immorale », écrit par exemple André Jacob. Toute morale commande en effet le respect d’un devoir ...Le « devoir » au sens moral désigne une obligation absolue. Le devoir est un « impératif catégorique » imposé à tous sans condition. Toute loi morale prend la forme d’un « tu dois! » qui ne tient aucun compte du désir du sujet et des circonstances de l’action...». • La deuxième exigence nous conduits à interroger les concepts de « fautes, de sanc- tions, de punitions, d’interdits, de réparations...» à l’aune de nos options philosophiques et psychopédagogiques. Le concept de faute est sans doute celui sur lequel nous devons le plus réfléchir car il peut induire, à notre insu, un défaut de cohérence avec nos présupposés éducatifs. Ses connotations judéo-chrétiennes le référent, dans notre inconscient occidental, au concept de péché, lourdement lesté de culpabilité. Pourtant ce qui a été désigné par l’église comme les sept péchés capitaux étaient pour les pères de l’église, aux premiers