diarrhéiques, drépanocytose, cancers, sinusites, épilepsie, rhumatismes articulaires, blennorragies, zona, carences nutritionnelles, fractures, etc. Certains soins s’adressent à des pathologies non reconnues par la médecine conventionnelle, par exemple les envoûtements et les sorcelleries. Le “dialogue entre les deux types de médecines”, entre ceux qui exercent légalement l’art de guérir et les autres, doit être restitué dans le contexte culturel de l’oralité, de l’empirisme. Une réflexion sur l’approche africaine, d’un personnage clé dans la culture de la santé en Afrique, est hautement instructive pour l’intelligence de cette culture. Le propos concerne des conceptions en vigueur dans une société orale où, pour com- muniquer, les individus recourent à “la parole” à l’exclusion d’autres techniques de com- munication. Les cultures de “l’oralisme” ont leurs caractéristiques propres. Les locuteurs sont en contact immédiat. Les auditeurs du message oral perçoivent intuitivement tout le non-dit qui enrichit la communication : mimiques expressives, intonation, gestes, at- titudes. La charge affective ainsi véhiculée occupe une place importante. Déterminante même quand on tente de comprendre la conception de la maladie. Ainsi, on parlera d’un oncle maternel fâché, ou de l’esprit d’un ancêtre vexé ou mécontent. Ce rôle de l’affectif se retrouve dans toute la zone bantoue, depuis Douala jusqu’à Mogadiscio, au Nord et au Sud, jusqu’au Cap. Les interviews conduites auprès de deux « tradipraticiens » de MARKOYE, messieurs Ousseni Alfari et Oumarou Anabi révèlent des contextes thérapeutiques et des pratiques assez similaires. La transmission des savoirs ancestraux se fait par filiation et il arrive que parfois, lorsque le « fils » n’est pas suffisamment reconnu comme fiable, seule une partie du savoir traditionnel lui est révélée. • Comment cela se passe ? (traduction de Sibiri) : « Il va en brousse, il récolte des racines, des feuilles, des écorces, qu’il calcine et écrase pour obtenir une poudre et c’est avec ce résidu qu’il soigne les malades qui viennent le voir. Sa compétence concerne les gonflements des viscères, les œdèmes, les palpitations au niveau du bas-ventre, du foie, de la fontanelle... ainsi que les morsures de serpent et de scorpion pour lesquelles il a des potions et des décoctions. Pour les palpitations, une fois que le diagnostic est fait, il casse un œuf sur lequel il dit des paroles magiques, puis il le fait cuire avec une poudre et fait manger la préparation au malade. Celui-ci en repartant chez lui se charge d’un petit sachet de poudre pour prolonger le traitement.