Traité d'éducation - Livre 2 L'eau partagée livre II

Essai de théorisation

Page 30 : L'eau partagée livre II

Dans cette architecture des trois éveils nous pouvons alors inscrire l’ensemble des compétences du projet de l’eau partagée en sachant que ce processus n’est pas achevé à l’école maternelle mais se prolonge à l’école élémentaire et pour certaines compé- tences psycho-socio-affectives, tout au long de la vie. Poursuivons notre réflexion au niveau de l’école élémentaire en appuyant cette réflexion sur deux exemples, l’un dans le champ de la maîtrise de la langue écrite, l’autre dans le champ plus spécifique de notre projet coopératif : la lecture de paysage. Premier exemple : En classe celui-là, dans une activité fondamentale du cycle 2, pour bien montrer que le modèle continu à être opératoire. Il s’agit d’une anecdote racontée par Bruno Bettelheim : alors qu’il observait, dans le cadre de ses recherches, une séance d’apprentissage de la lecture, il fut frappé par le comportement d’une élève, traditionnellement désignée comme « bonne élève » : l’enfant butait sur le mot « tigre ». La maîtresse, surprise, l’interroge du regard puis s’approchant d’elle la sollicite immédiatement sur le pôle de la rationalité instrumentale, la maîtrise du code grapho-phonétique. Rien n’y fait. La petite s’agite, se bloque et manifestement l’enseignante y perd son latin. Bruno Bettelheim entrant, à son tour discrètement dans l’échange, propose à l’enfant une interprétation : « tu ne veux pas que la petite fille se fasse manger par le tigre ? » La petite élève le regarde, surprise, sourit et lit sans hésitation le mot « tigre ». Il s’agissait bien ici d’une inhibition due au pôle de l’imaginaire très actif et non pas d’une incapacité à maîtriser la combinatoire. L’enfant savait lire et même si bien, qu’elle avait anticipé sur l’histoire et refusait de voir la petite fille, à laquelle elle s’était sans doute identifiée, se faire manger. L’analyse des erreurs et des obstacles rencontrés par les élèves dans leurs apprentissages n’est pas toujours aussi complexe mais cet exemple illustre bien à quel point le « CRI » est entièrement sollicité dans toute activité d’apprentissage. Deuxième exemple : Dans le cadre de notre projet l’eau partagée les occasions de mobiliser notre méta- phore sont continuelles...Les enfants sont arrivés en car sur le site du barrage de La Verne. Assis sur un monticule, ils sont invités à contempler le paysage qui les entoure. Nous sommes assurés que cette consigne très ouverte, va mobiliser différemment nos petits observateurs. Chacun, au gré de ses représentations mentales va construire son paysage.Ce paysage plus ou moins lisible,plus ou moins articulé,plus ou moins cohérent va évoluer, au gré des consignes qui ar ticulent : Agir, penser, ressentir. Les filtres de lecture sont différents parce que les élèves sont différents. Mais, grâce à la pertinence des consignes et à la compétence de l’éducateur qui observe et analyse le