Compte-rendu de l’atelier de philosophie de l’université d’été de Montpellier 2002. Matthew LIPMAN est le pionnier qui a introduit les échanges avec des enfants à propos de préoccupations philosophiques et suggéré une initiation à la pratique de la philoso- phie et ce dès le plus jeune âge. « Il a été le premier à demander que l’école n’en reste ni à son dédain pour la philosophie à l’école, ni à un vœu pieux, mais mette en place un programme précis.»* Ce n’est pourtant pas cette démarche que nous avons choisi car elle met trop l’accent sur le développement logique à partir de textes supports qui mobilisent beaucoup les enseignants qui ont tendance à orienter les débats. Nous avons privilégié l’approche psychogénétique de Jacques LEVINE qui, dans le cadre de l’AGSAS (association des groupes de soutien au soutien) où se sont développés et se développent les expérimentations des ateliers, précise : « Il y a deux approches, celle de LIPMAN et la mienne, mais loin d’être incompatibles elles peuvent et doivent être considérées comme complémentaires. Il serait stupide, en effet, de s’opposer à ce qu’une pédagogie du « bien raisonner » prenne toute sa place à l’école, mais nous pensons qu’avant le débat, et pour qu’il soit possible, il faut le temps de « faire connaissance » avec ce qui donne matière et matériau au débat, c’est à dire l’étrange découverte que la vie est ce qu’elle est, que nos pensées et celles des autres, sont ce qu’elles sont. Il nous faut donc donner le temps à cet étonnement premier, le rendre vivant et le faire retrouver. Il nous faut voir de quoi s’alimente l’appareil à penser, y compris dans son registre émotionnel et syncrétique, avant de l’étudier comme appareil à penser la pensée, donc sur un registre à prédominance intellectuelle, lequel à évidemment toute sa place, mais pas à n’importe quel moment.»*  Ce qui caractérise cette approche tient sans doute à la règle fondamentale d’une extrême concision qui régie la procédure. « Cette règle comporte cinq points qui sont très clairement dits aux enfants : • Un avant-propos sur le sens du terme philosophie. • Enoncé d’un thème. • Annonce que la séance durera 10 minutes. • Annonce que l’enseignant(e) n’interviendra qu’à minima. • Précisions sur les contrats de fonctionnement : prise de parole, enregistrement, confidentialité ...». * Jacques LEVINE: Essai sur le Monde philosophique de l’enfant. Intervention au parlement français de Bruxelles le 13 février 2004.