siècles de la chrétienté, des « faiblesses de l’âme et du corps », des pulsions, des pas- sions, des pensées qui agitent l’être humain et sont à la base de comportements plus ou moins aberrants, des « logismoi*», comme, par exemple : - Orgè - la colère; Porneia - déviations sexuelles; Lupè – mélancolie; Acedia – la dé- pression ; Philarguria – l’avarice ; ... Au nombre de huit, à l’origine, ces « logismoi » ne faisaient pas l’objet de sanctions ou de punitions mais de soins. Il s’agissait de réconfor ter le sujet victime de ces faiblesses, par des exercices physiques ou spirituels, pour qu’il puisse retrouver son dynamisme existentiel. C’est pourquoi ces pères de l’église étaient appelés des Thérapeutes. Pas de culpabilisation et d’aliénation à une autorité qui détient le pouvoir et qui entend l’affirmer comme cela deviendra le cas avec l’évolution de l’église. Chercher à com- prendre plutôt que condamner, telle était la position de l’église primitive au début de l’ère chrétienne. En cela elle faisait œuvre d’éducation. Pourrions-nous nous inspirer de cette orientation éducative aujourd’hui et révoquer le concept de faute? Cela nous paraît tout à fait possible si les comportements, qui sont considérés comme à prohiber à l’école, ne sont plus référés à des fautes mais à des interdits. Interdits que les enfants doivent éviter de transgresser sous peine de se voir infliger des sanctions. L’interdit travaille le psychisme de l’enfant en amont de l’action et l’interpelle sur sa capacité à contenir ses pulsions, ses émotions. Si malgré tout il y a passage à l’acte, la transgression de l’interdit doit être sanctionnée, suivant les mêmes procédures de médiation et d’échelle de sanctions que celles qui sont actuellement mobilisées. La différence tient à ce que la faute, elle, n’anticipe pas l’action, elle ne fait que constater le produit de l’action. En ce sens elle ne s’inscrit pas dans la dynamique d’évaluation formative qui accompagne toute situation problème, pierre angulaire de la pédagogie différenciée. Cette approche pédagogique privilégie la prise en compte des processus et des procédures engagés par l’élève pour résoudre la tâche plutôt que focaliser sur le seul produit de l’action. Elle implique un statut positif de l’erreur. La sanction, dans un cadre éducatif et non pénal, doit s’inscrire dans une dynamique de réparation et non de punition. * Jean-Yves LELOUP. PRAXIS et GNOSIS d’EVAGRE LE PONTIQUE ou la guérison de l’esprit. Ed.Albin MICHEL