Le concept clé de cette démarche pédagogique est le concept de mise en relation*. Mise en relation spontanée et inconsciente, chez l’enfant, mise en relation consciente et structurée chez l’enseignant(e). Il appartiendra à l’adulte, par les pauses réflexives sur l’action, pratique métacognitive, qu’il introduira dans son animation, de conduire progressivement l’enfant à prendre conscience de ses propres mises en relation. Pour comprendre et définir la mise en relation il nous faut partir de la réalité complexe d’une conduite motrice. Prenons l’exemple de l’enfant qui fait glisser son palet pour le rapprocher le plus prés possible d’un trait tracé à 10 mètres de lui. Pour maîtriser ce mouvement, l’enfant doit intégrer les quatre paramètres qui struc- turent toute action motrice : • L’espace où se déroule l’action. L’espace propre de l’acteur de l’action mais aussi son espace proche. • Le temps de l’action c’est à dire, pour cette action de lancer, le tempo de la prépara- tion et de l’action proprement dite avec sa nécessaire accentuation. • La masse du lanceur qui doit être convenablement répartie sur ses appuis pour faire un lancer efficace et également la masse du palet. • L’énergie que le lanceur engage dans son geste pour réaliser son objectif mais aussi l’énergie cinétique du palet lui-même, liée à sa masse. Pour mieux comprendre les arcanes de cette approche conceptuelle nous suivrons Gaston Bachelard, grand penseur et merveilleux rêveur, qui dans sa psychanalyse du feu considère les quatre éléments, l’eau, le feu, la terre et l’air comme les éléments primordiaux qui structurent toute réalité physique et vivante. De l’imaginaire au rationnel, tour à tour poètes ou ingénieurs, cette méditation anthro- pologique autour du substrat cosmique nous conduit au cœur de l’action pédagogique en nous invitant à associer éléments et concepts * Anthropos : représenté comme l’anima mundi (âme du monde) ; il contient les quatre éléments et est désigné par le nombre 10, lequel indique la perfection. -Albertus Magnus, philosophia naturalis, page 101