Traité d'éducation - Livre 2 L'eau partagée livre II

Essai de théorisation

Page 56 : L'eau partagée livre II

En conclusion Pour clore ce chapitre de présentation de nos présupposés théoriques et être en cohérence avec la dynamique de la démarche-chemin, nous souhaitons apporter une précision en décrivant, non plus la typologie de nos références, mais la généalogie de notre discours. Ce que Michel Henry synthétise admirablement dans sa phénoménologie de la vie : « La théorie de la généalogie de tout discours, apparaît comme la formulation rigoureuse de la relation de la pratique et de la théorie, comme une clarification radicale de la fondation de la seconde par le première. La parole de la vie fonde la parole du monde* ». La généalogie de notre discours théorique révèle qu’il s’est construit dans un premier temps sur le versant psychologique à partir d’un questionnement sur l’origine du Moi. Françoise DOLTO fut dans ce champ notre maître à penser à travers son témoignage vivant et son concept « d’image inconsciente du corps » articulé au concept, plus an- cien de « schéma corporel », dans les entrelacs des « deux corps du Moi » que nous avons modélisé page 21. Mais il fallut bientôt se rendre à l’évidence, dans cette quête de l’origine de l’être, le Moi n’était qu’une émanation, une manifestation. Il fallait donc se poser la question : quelle est l’essence de la manifestation, comment le réel nous apparaît, comment le réel se phénoménalise ? La réponse à ce questionnement on- tologique nous fut donnée par Michel HENRY, à travers sa philosophie de l’immanence, qui est une philosophie de la chair, et sa phénoménologie de la vie. A l’origine de tout être, de tout ego, il y a la vie. La vie qui « s’auto-done, s’auto-génère, s’auto-révèle » en chacun de nous. Cette épreuve pathétique de la vie, qui nous est donné de vivre, se phénoménalise dans la duplicité de l’apparaître que sont la « parole de la vie », qui s’auto-révèle dans une immanence radicale, et la « parole du monde », expression de notre capacité à nous représenter le réel par une projection intentionnelle dans un « espace de lisibilité » hors de soi, une transcendance. Ce mouvement qui nous projette à l’extérieur de soi pour « voir » le réel, depuis l’antiquité grecque, nous l’appelons la conscience. « La parole de la vie qui est à l’origine, et que nous recevons comme un don, dans une absolue passivité, fonde la parole du monde. » Dans cette dynamique phénoménologique nos activités pratiques ancrent notre essai de théorisation, ce qui renverse les approches traditionnelles. La phénoménologie de laVie proposée par Michel HENRY et les injonctions de KRISH- NAMURTI qui tout au long de son œuvre nous convie à nous engager résolument sur le chemin de la connaissance de soi, ont l’immense mérite de discréditer toutes les idéologies éducatives qui, pour asseoir leur pouvoir, morcellent l’individu, qui est par