Traité d'éducation - Livre 2 L'eau partagée livre II

Essai de théorisation

Page 54 : L'eau partagée livre II

Après avoir décrit l’architecture philosophique, phénoménologique, psychologique et pédagogique de la relation éducative il nous reste à en modéliser, dans une vision globale, la dynamique vivante. Ce « corps de sens » récapitulera pour l’enseignant, l’éducateur, ses options péda- gogiques en termes d’objectifs à atteindre et de processus à concevoir, élaborer, mettre en œuvre, réguler et évaluer. Pour le psychanalyste, Didier Dumas, le « corps de sens » est « l’ensemble des processus qui mémorise, connecte et organise les représentations mentales entre elles ». Nous donnons à ce système qui synthétise l’acte pédagogique la forme d’un mandala. « C’est un mot sanskrit qui réfère à un type particulier de dessin circulaire où la disposition géométrique est fréquemment utilisée comme point de concentration pour l’exploration méditative de soi. On dit que le mandala est un symbole ou une représentation d’un certain aspect de l’univers. Supposément, le concepteur ou le créateur de chaque mandala cherche d’abord à identifier un spectre d’expérience en particulier, à partir de toute la gamme de la vie, comme : la relation entre les gens, les sentiments d’amour ou de haine, la danse, l’histoire d’une civilisation...Dés que le spectre est choisi, il est alors examiné en profondeur jusqu’à ce que l’artiste, l’enseignant, ait distillé l’expérience entière en ses formes dynamiques les plus élémentaires. Ces relations de base sont alors traduites en structures symboliques qui sont entrelacées pour former le dessin du mandala ». * Michel SAUCET La sémantique générale aujourd’hui - Ed. Retz (chap. 3 page 23). 54 Le mandala est holographique, il manifeste la quintessence du tout et des parties du phénomène étudié. Chaque enseignant, chaque éducateur, construit plus ou moins explicitement un « corps de sens » qui lui donne la capacité, à partir d’un nombre plus ou moins grand de paramètres, de construire une réalité, sa réalité : « à chacun sa vérité ». L’intuition du dynamisme en jeu et la plus ou moins grande connaissance que nous avons de nos prémisses (présupposés philosophiques, psychopédagogiques, croyances...) nous permettrons de relativiser notre point de vue sur le réel, notre compréhension et nos analyses des phénomènes en par ticulier des phénomènes relationnels. Le mandala ci-dessous modélise la conception, l’organisation, la mise en œuvre et l’évaluation des activités proposées dans le cadre d’une situation d’enseignement, en classe, ou d’une situation problème à visée éducative, sur le terrain. Nous pourrions de la même manière nous servir de ce modèle, de cette matrice pour concevoir, mettre en œuvre et évaluer les activités de français, de mathématiques, d’arts plastiques etc.... Cette modélisation traduit la réalité complexe de la médiation pédagogique sous la forme d’une rencontre, la rencontre de l’adulte, enseignant ou éducateur, et de l’élève, l’apprenant, qu’il soit enfant ou adulte. Cette rencontre prend ici la forme d’une croix, croisement de deux matrices comportementales > Celle de l’élève qui désire apprendre ou s’en moque............................D1- référentiel 1 > Celle de l’enseignant, l’éducateur, le médiateur qui analyse, conçoit, accompagne, régule, évalue.......................................................................................................................................D2- référentiel 2 A l’intersection de la croix se trouve, pour l’un comme pour l’autre, le CRI qui devient dans le dynamisme du modèle et par la pratique de pauses réflexives (pratiques mé- tacognitives) le moteur inférentiel* producteur de sens.