et chaque atelier est enregistré.Toute la classe participe à l’atelier. J’interviens en ou- verture, pour situer la séquence, pour dire le « cadre », pour employer le terme utilisé par René, dans lequel je précise : - le sens du terme philosophique, - la durée de l’atelier, - les règles de prise de parole, - les contraintes de l’enregistrement, les objectifs de l’enregistrement. - le sujet du jour. Chaque atelier est enregistré et les élèves peuvent le réécouter, à leur demande. Je transcris chaque atelier et dispose ainsi d’un matériau fiable pour analyser avec rigueur les échanges entre les élèves, les progrès de chacun dans la prise de parole, comme dans la complexification des structures employées, l’évolution de la pensée au fil des ateliers; pour envisager aussi des exercices systématiques de structuration de langage, qui sont décrochés de l’atelier de philosophie. Je découvre, à chaque réécoute précédant cette transcription, des remarques qui m’avaient échappé, et c’est un émerveillement toujours renouvelé de constater la pertinence de ces jeunes enfants que l’on dit défavorisés. • Deux minutes avant la fin de l’atelier, je signale que l’atelier va bientôt se terminer, puisque le temps est presque épuisé. • En fin d’atelier, ma parole vient clore l’atelier, et je coupe le micro. ... Je m’écarte du protocole LEVINE sur 2 points : • La réécoute des ateliers n’est pas systématique : elle peut être réalisée à la demande des élèves. De plus, le classeur contenant l’intégralité des transcriptions est à leur dis- position. Ce choix est guidé par le souci permanent des enseignants de ne pas laisser filer le temps; la réécoute de la cassette, enregistrée dans des conditions « artisanales » nécessite de la part des élèves une grande dépense d’énergie, pour reconnaître qui parle, pour saisir ce qu’il dit et la suite des interventions... et les bienfaits de la réécoute dans de telles conditions est peu probant. • L’enseignante intervient sans doute davantage que dans le strict protocole : c’est en cheminant au fil des ateliers que j’ai rapidement pris conscience qu’une non-intervention de ma part n’améliorait en rien la construction de la pensée des enfants.Au contraire,ce silence, voulu comme espace de liberté laissé aux jeunes enfants, était incompris, voire redouté par nombre d’entre eux et ne favorisait pas la prise de parole, il induisait des répétitions et un inventaire assez statique... Lors d’une récente conversation téléphonique avec Jacques LEVINE, je lui indiquais cette entorse au protocole, et précisais mes motiva- tions; il m’indiquait que lui-aussi évoluait sur cette position de non-intervention.