REMARQUE : L’observationdeceséchangesmontrecombienle«contenantlangagier»,pourreprendre une notion créée par le professeur GIBELLO*, est déterminant dans la construction de la pensée. Ce «contenant de pensée», en effet, permet ici, aux enfants, de construire progressivement le principe de causalité. Cette élaboration progressive, grâce à la dy- namique groupale qui favorise le processus d’idéation, les conduits même à pressentir qu’au-delà de la causalité linéaire : à une cause correspond un effet, la compréhension de la réalité vivante nécessite de prendre conscience des interrelations entre tous les éléments d’un système. Cette ébauche de causalité circulaire ou systémique est par- ticulièrement sensible dans ce thème de l’eau, abordé sous l’angle émotionnellement chargé, de son éventuelle disparition. Ce cheminement est lent, cer tes, mais c’est justement parce que l’enseignante laisse le temps aux enfants de mâcher leurs déclarations mutuelles, d’en débattre, avec beaucoup de simplicité et de naïveté, que « l’insight », parfois, vient éclairer les observations. Ce temps laissé à la répétition de telle ou telle affirmation est importante car elle permet à celui qui répète de s’approprier la pensée de l’autre et son contenu sémantique. Ce « penser ensemble », participe, paradoxalement, à l’affirmation de l’égo individuel par un vécu dynamique du «je pense», vécu comme un « je peux ». Une séquence pédagogique qui se donnerait pour objectif la compréhension de l’approche systémique, à partir d’une situation construite sans tenir compte de la sensibilité et des représentations mentales des élèves, aurait sans doute eu moins de chance de toucher le plus grand nombre. Nous restons ici, fidèles, au précepte qui inaugure ce travail sur les ateliers de réflexion sur les relations humaines : « la véritable éducation est d’apprendre à penser, pas quoi penser ! ». Sur le plan de la compétence langagière orale, cette situation est également très riche, tant du point de vue lexicale que syntaxique et grammaticale, même si ce n’est pas, ici, l’objectif de la maîtresse.