pour but de développer la personnalité individuelle. Cette individuation est une néces- sité naturelle puisque l’entraver par des réglementations rigides ou même exclusives, selon des normes collectives, porterait un grave préjudice à l’activité vitale de l’individu. Or l’individualité est déjà donnée physiquement et physiologiquement ; de là découle son expression psychologique correspondante; entraver son développement équivaut à estropier artificiellement le sujet. Or un groupe social composé d’ unités estropiées ne pourrait être une institution saine ni viable ; seule la société qui peut à la fois conserver sa cohésion intime, ses valeurs collectives et accorder à l’ individu la plus grande liberté pos- sible peut espérer une vitalité durable : l’ individu n’ est pas seulement unité, son existence même présuppose des rapports collectifs ;aussi le processus d’individuation ne mène-t-il pas à l’isolement, mais à une cohésion collective plus intensive et plus universelle ». • Le « double corps du moi » et la Construction du sujet. Pour Françoise Dolto cette dynamique de construction du sujet qui favorise la progressive intégration du moi au soi se modélise sous la forme de la dia- lectique du « schéma corporel » et de « l’image inconsciente du corps*1 ». Dialectique présentée comme l’évolution du « double corps du moi*2». Nous retrouvons ici comme dans l’approche jungienne du processus d’individuation, l’entrelacement des deux dynamiques psychologiques du conscient et de l’inconscient. • « Le schéma corporel spécifie l’individu en tant que représentant de l’espèce, quels que soient le lieu, l’époque ou les conditions dans lesquels il vit. Il est l’abstraction d’un vécu du corps dans les trois dimensions de la réalité, il se structure par l’apprentissage et l’expérience. • L’image inconsciente du corps est la synthèse vivante de nos expériences émotionnelles. Elle se structure par la communication entre sujets et la trace, au jour le jour mémorisée, du jouir frustré, réprimé ou interdit. C’est grâce à notre image du corps portée par – et croisée à- notre schéma corporel que nous pouvons entrer en communication avec autrui. Le schéma corporel est inconscient, préconscient et conscient. L’image du corps est toujours incon- sciente, constituée de l’articulation dynamique d’une image de base, d’une image fonctionnelle et d’une image des zones érogènes. L’image du corps est du côté du désir, elle n’est pas référée au seul besoin. Le schéma corporel, lieu du besoin, constitue le corps dans sa vitalité ».