Traité d'éducation - Livre 2 L'eau partagée livre II

Essai de théorisation

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- La seconde illusion est de croire que « le tout est la somme des parties ».Cette illusion nous vient du mode de penser, très occidentalisé, qui a tendance à fragmenter le réel pour apprendre à le comprendre. C’est ainsi que cette approche rationaliste, analytique, qui a permis l’expansion de la science mais dans le même temps a conduit à une hyperspécialisation de tous les champs du savoir, nous fait perdre la perception globale des phénomènes de la réalité vivante. Là aussi il nous faut affirmer que « le tout est plus que la somme des parties » et que la santé d’un village et de ses habitants dépend d’un ensemble de fac- teurs complexes en étroite interdépendance, en étroite interaction. Le moindre comportement, lié à nos habitudes de vie, comme celui de « déféquer » un peu n’importe où, au gré de nos besoins, alors que nous avons des latrines pas très loin, a une incidence sur la santé de tout le village ! De la même façon, jeter nos déchets, nos plastiques un peu n’importe où, a aussi une incidence sur notre qualité de vie et celle de nos animaux qui nous sont si chers. Pour mieux comprendre cette réalité globale de la santé person- nelle et collective, nous vous proposons une parabole orientale qui met en scène quatre aveugles et un éléphant. Chacun des aveugles était confronté à une partie de l’animal : qui, à une patte, qui à la trompe, qui aux oreilles, l’autre enfin à la queue. Lorsqu’on interrogea les aveugles sur ce qu’était pour eux un éléphant, les échanges furent animés et contradictoires : pour l’un c’était un immense pilier, pour l’autre un très long tuyau et ainsi de suite. Chacun avait partiellement raison, mais l’éléphant, pour celui qui voit, est bien plus que la somme de ces parties décrites avec conviction par chaque aveugle, comme un homme est plus que la somme de ses membres et de ses organes. C’est pourquoi, lorsque nous parlons d’organiser des actions et de mettre en synergie des ressources pour notre projet santé, il nous faut fédérer les champs de la sensibilisation, de l’information, de l’éducation, de l’enseignement, de la formation, de la répression, dans une approche systémique qui tienne compte des interactions entre tous ces facteurs qui sont com- plémentaires et pas en antagonisme.