En conclusion. « La véritable éducation, c’est d’apprendre comment penser, pas quoi penser » KRISHNAMURTI Comme un pré jauni par un été ardent le champ de la pédagogie souffre aujourd’hui du souffle desséchant de l’approche technicienne et de sa servante didactique. Accaparé par les maîtrises procédurales l’enseignement oublie de plus en plus que sans relation vivante qui relie dans une alliance complice et affectueuse maîtres et élèves, enseignants et enseignés, adultes et enfants il ne peut y avoir d’authentiques apprent- issages. Pourtant ici ou là, dans l’institution scolaire, fleurissent quelques petites plantes fragiles mais aventureuses. Les ateliers de philosophie à l’école primaire relèvent de cette dynamique à tendance subversive. Ces initiatives heureuses qui donnent la parole aux enfants et les écoutent dans une reconnaissance naturelle de leur statut « d’interlocuteurs valables » trouvent leur origine et leur fondement dans différents courants philosophiques et psychopédagogiques. MichelTOZZI,professeur des universités à Montpellier III,en introduction du Colloque inter-académique de mars 2003 qui avait pour thème - Des expériences de débat à l’école et au collège : discussion à visée philosophique ou pensée réflexive? faisait un état des lieux des différentes approches qu’il classait ainsi : • Le courant des « préalables à la pensée », centré sur l’expérience existentielle du cogito comme démarche structurante de la construction identitaire du sujet (A. PAU- TARD, J. LEVINE...); l’élève s’y éprouve dans l’échange entre pairs comme un « parle ‘être » (Lacan) se constituant en « pense’ être », se dotant d’un langage intérieur (A. Perrin) • Le courant de la maîtrise de « l’oral réflexif » (D.BUCHETON, 2002), pour « ap- prendre, penser et se construire » à travers des productions langagières interactives (J. CAILLER). • Le courant de l’éducation à une « citoyenneté réflexive », où l’on s’appuie sur les habitus démocratiques de discussion des élèves en pédagogie institutionnelle, pour amener des sujets à forte teneur existentielle (exemples : S. CONNAC à Montpellier, DORIDANT et Fort à Strasbourg...) • Le courant proprement philosophique: « philosophie pour enfants » de M. LIPMAN, entretien philosophique du groupe d’A. LALANNE, TOZZI, A. DELSOL, N. GO.