La deuxième modélisation, qui révèle la part d’invisible, prend donc la forme d’un mandala. Dans notre traité d’éducation à l’environnement pour un développement durable (EEDD), nous définissons le « mandala » ainsi : « mot sanskrit qui réfère à un type particulier de dessin circulaire où la disposition géométrique est fréquem- ment utilisée comme point de concentration pour l’exploration méditative de soi et du réel. On dit qu’un mandala est un symbole ou une représentation d’un certain aspect de l’univers.Le concepteur ou le créateur de chaque mandala (les concepteurs du cahier de santé) cherch- ent d’abord à identifier un spectre d’expérience en particulier, à partir de toute la gamme de la vie, comme : la relation entre les gens, les conditions de la santé, les sentiments d’amour ou de haine, la danse, l’histoire d’une civilisation...Dès que le spec- tre est choisi, il est alors examiné en profondeur jusqu’à ce que l’artiste, l’enseignant, ait distillé l’expérience entière en ses formes dynamiques les plus élémentaires. Ces relations de base sont alors traduites en structures symboliques qui sont entrelacées pour former le dessin du mandala ». Vous vous demandez sans doute à quoi peut bien servir ce type de représentation symbolique dans le cadre d’un document centré sur la vie quotidienne qui, elle, est bien concrète? La réponse nous est donnée par cette conviction que pour réussir le défi que représente la transformation de nos habitudes, extrêmement résistantes au changement, il ne nous faut pas seulement faire appel à notre intellect, mais aussi mobiliser nos énergies sensibles et affectives qui sont le véritable moteur de nos engagements dans la durée. Ces forces de vie qui habitent tout homme, fut-il le plus démuni, parlent à notre imaginaire parce qu’elles sont, à l’image du nénuphar qui prospère dans un environnement dégradé, susceptibles de nous offrir, si nous les écoutons, la beauté d’une santé reconquise. Nous reprenons ici la parole forte de KRISHNAMURTI, parlant d’éducation : « ...La formation de l’intellect n’a pas pour résultat de susciter l’intelligence. Mais en revanche, l’intelligence éclot lorsque nous agissons en parfaite harmonie, tant sur le plan intellectuel qu’émotionnel ». A partir de ces deux modélisations peuvent se profiler des méthodologies d’intervention destinées aux médiateurs de santé locaux qui doivent être la cheville ouvrière de la démarche et de sa diffusion au sein de la société civile et de la population scolaire.