Traité d'éducation - Livre 1 Pédagogie pratique

pédagogie pratique

Page 74 : Pédagogie pratique

Voyage au cœur de la montagne En fonction du déroulement de la journée et du temps disponible il peut être proposé aux élèves de visiter une galerie souterraine creusée dans la roche de la montagne en rive gauche du barrage de la Verne Avant de pénétrer dans cette galerie, les enfants observent le paysage et la montagne d’une centaine de mètres de hauteur qui se trouve au dessus de son entrée. C’est l’occasion de confirmer un cer- tain nombre d’observations : la forme arrondie du sommet, l’inclinaison des roches qui reste toujours la même... Ils pénètrent ensuite dans la galerie creu- sée directement dans la roche sur une longueur d’environ 200 mètres. Très vite, ils se retrouvent entièrement immergés dans cette enveloppe de rochers composée des minéraux qu’ils ont observés tout au long de la journée et qu’ils reconnaissent grâce aux couleurs et aux paillettes de mica. Ils avancent prudemment, comme s’ils subissaient le poids de la montagne qu’ils ont au dessus de leur tête. Ils font remarquer la douceur de la température qui reste constante suivant les saisons. Ce cheminement au cœur de la terre est sans aucun doute pour chacun l’occasion d’une plongée dans l’imaginaire des pro- fondeurs, de l’enveloppement et du repos que Bachelard relie à la constellation terre-mère-nuit A mi-chemin du parcours, un des ani- mateurs éteint briévement les lumières, déclenchant les cris des enfants, que le maître ou la maîtresse rassure en leur demandant ce qu’ils voient Tous confirment qu’ils ne voient rien du tout, la lumière de l’entrée ne parvenant plus jusqu’au point reculé de la galerie où ils se trouvent La lumière électrique revenue, ils avancent plus profond et passent sous des petits filets d’eau qui tombent du plafond En levant la tête ils découvrent que ces écoulements proviennent de trous qui ont été percés dans la roche Ils touchent cette eau, en recueillent dans leur main, constatent qu’elle est fraîche et claire sans toutefois oser la boire Mais d’où peut bien venir cette eau Ils débattent, émettent des hypothèses, échangent leurs points de vue pour chercher à comprendre comment l’eau de pluie qui est tombée sur la montagne a fait pour traverser les 100 mètres d’épaisseur de roche qui se trouve au dessus d’eux. Les expériences qu’ils ont menées tout au long de la journée sur les phénomènes d’érosion, de perméabilité, d’infiltration les aides dans leurs recherches. Il faut bien que l’eau trouve des trous, des espaces pour passer à l’intérieur de cette roche dure. Au sol, ils découvrent une pâte épaisse aux couleurs de rouge et de rouille. Là encore, les observations effectuées auparavant sur les couleurs des roches, la présence de fer et de manganèse, les aident à interpréter à leur façon le phénomène d’une eau qui dissout les sels minéraux en circulant à travers les roches et les redépose quand elle stagne et s’évapore